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Par Benjamin Pillard
Arrivé en Suisse il y a quatre ans, le trentenaire français Antonin Lechat va se lancer en ce début d’année 2025 comme réalisateur-producteur indépendant, tout en intégrant un pool de vidéastes de l’UNICEF.
Un nouveau départ rendu possible grâce à deux programmes spécialisés au sein d’Emploi Lausanne, en audiovisuel et dans la coopération internationale. Le Lausannois d’adoption revient sur ces cinq mois qui ont donné un coup d’accélérateur à sa carrière
Sur quels types de projets audiovisuels avez-vous travaillé durant vos deux mois à l’atelier «5D Multimédia»?
Je ne savais pas trop ce que j’allais y faire, car le site internet n’était pas aussi informatif qu’il ne l’est aujourd’hui. C’était clairement un bon choix, j’ai pu travailler sur des projets très variés, tout en développant des compétences que je n’avais pas, comme la photographie de studio, ou travailler sur des visuels –statiques ou animés– pour le site internet. J’ai également appris pas mal de choses sur le logiciel vidéo After Effects, et j’ai trouvé très intéressant de découvrir les réalités du métier de producteur vidéo, en travaillant sur un petit film pour l’Etat de Vaud.
Avez-vous vraiment acquis de nouvelles compétences professionnelles durant ce programme «5D» d’Emploi Lausanne?
J’ai perfectionné mes connaissances techniques, et j’ai surtout appris à reprendre confiance en moi sur le plan professionnel, en ce que j’avais déjà réalisé dans ces deux pays d’Asie. Les encadrants de cet atelier comme du suivant m’ont fait comprendre que ces réalisations étaient non seulement valables, mais qu’elles ont même beaucoup de valeur, puisqu’elles sont uniques.
Est-ce également votre conseiller ORP qui vous a parlé du programme d’emploi fédéral «Syni» et de ses prestations dans le secteur de la coopération internationale?
Non, j’en avais entendu parler un peu par hasard dans les locaux de l’atelier «5D», où se trouvent également ceux de la mesure nationale «Syni». L’un des participants m’avait dit que cela pourrait m’intéresser, sachant que j’aspirais à travailler dans des ONG en tant que vidéaste. J’en avais parlé avec la conseillère en insertion, qui s’est renseignée sur la disponibilité d’un poste dans mon champ de compétence, et il s’est trouvé qu’il y avait une opportunité auprès de la fondation Caux Initiatives et Changement.
Mon conseiller ORP n’était pas favorable à ce que j’interrompe mon programme d’emploi «5D» avant la fin des trois mois. J’ai insisté et il a fini par approuver.
Extraits du film “Le Caux Palace : l’histoire d’un lieu extraordinaire”, réalisé pour la fondation Caux Initiatives et Changements.
En quoi consistait votre mission de 3 mois auprès de la fondation caritative Caux Initiatives et Changement ?
La durée de ces programmes d’emploi «Syni» est normalement deux fois plus longue, mais cela ne m’était pas possible à cause de mon projet actuel de documentaire qui nécessite que je me rende régulièrement au Kirghizistan pour filmer.
A la fondation, j’ai bénéficié d’un accompagnement très avenant du personnel, qui m’a facilité certains contacts, ou conseillé sur l’envoi d’e-mails. Il est rapidement apparu que j’étais clairement la personne qui avait les meilleures connaissances vidéo, et j’étais hyper indépendant, l’équipe m’a donc fait confiance. Ils m’ont juste signifié leur souhait d’un petit film sur l’histoire du palace de Caux.
En deux mois et demi, j’ai tout fait de A à Z: les recherches, l’écriture d’un scénario, j’ai filmé, monté, fait l’étalonnage, les mixages sons, les sous-titres, les interviews. C’était un peu un test grandeur nature, en aussi peu de temps. Et un gros défi; je suis très content du résultat, tout comme l’équipe de la fondation. Cette indépendance totale m’a permis de prendre encore davantage confiance en moi professionnellement, et de continuer d’avancer.
La fondation Caux Initiatives et Changement vous a également proposé de devenir le photographe officiel de la Journée internationale de la conscience. Avez-vous un cahier des charges précis ?
L’événement se déroule dans une grande salle du palais, environ 200 personnes y ont assisté lors de cette édition 2024. Il y avait 35 panélistes: tous voulaient avoir leur photo. Il fallait à la fois prendre des images de chacun ainsi que du lieu, de ce qui se passait. Je me suis beaucoup amusé à le faire.
Comme l’événement était diffusé en live sur une chaîne YouTube, je ne pouvais pas me mettre dans le champ de la caméra pour les photographier. Il fallait être un peu créatif, afin que ça ne soit pas trop ennuyeux visuellement. C’était fun, j’ai beaucoup aimé.
Comme l’ensemble des participants aux programmes d’Emploi Lausanne, vous avez bénéficié d’une prestation de coaching par un.e conseiller.e en insertion pour vous soutenir dans vos démarches de recherches d’emploi. Durant votre mesure «Syni», votre CV a été passé au crible…
Oui c’était hyper intéressant, j’ai passé toute une journée d’atelier avec Caroline Tosti, formatrice pour Syni, afin de calibrer mon CV pour la coopération internationale. Je l’ai entièrement refait, ça a vraiment aidé. La nouvelle mouture était plus facile à la lecture, beaucoup plus clair et plus vendeur –j’avais du mal à me mettre en avant–, en mettant en retrait certaines informations dont je ne réalisais pas qu’elles étaient moins importantes.
A la fin des trois mois de mon programme d’emploi «Syni», juste avant l’été 2024, comme je m’apprêtais à partir 6 semaines au Kirghizistan pour poursuivre la réalisation de mon documentaire «Un satellite pour Burulaï», ma conseillère en insertion m’avait suggéré la bonne idée d’envoyer des e-mails avec mon nouveau CV à plusieurs responsables de communication d’ONG d’Asie centrale, en leur disant que je serai sur place, afin qu’ils me contactent en cas de projet vidéo ou photo à cette période dans la région. J’ai décroché deux mandats, avec la Croix-Rouge ainsi que Médecins Sans Frontières, si bien que j’ai prolongé mon séjour de six semaines supplémentaires.
Extraits des films humanitaires réalisés au Kyrgyzstan et au Tajikistan pour MSF et la Croix-Rouge.
A l’instar de votre mission auprès de la fondation Caux Initiatives et Changement, vous étiez également directement opérationnel durant ces trois mois de travail dans l’humanitaire?
Tout à fait. Chez MSF c’était uniquement du tournage; je leur ai envoyé tous les rushes, et ils ont fait le montage eux-mêmes à Genève. Avec la Croix-Rouge, c’étaient plusieurs tournages, qui auront duré 2 semaines entre le Kirghizistan et le Tadjikistan. L’institution a une dizaine de projets dans cette région – les équipes m’ont tout montré en 10 jours, j’ai tout filmé et ils m’ont dit d’en faire une vidéo pour chacun des deux pays, comme je voulais. La principale difficulté, c’étaient les problèmes de traduction, surtout avec leur bureau tadjik.
A mon retour en Suisse, ces expériences professionnelles m’ont permis d’être sélectionné dans le pool de vidéastes freelance de l’UNICEF, que je viens d’intégrer en ce début d’année 2025. Mes mandats se dérouleront dans cette zone géographique que je connais bien: l’Asie centrale, mais aussi le Caucase, la Turquie et l’Europe de l’Est.
Travailler comme indépendant, c’est votre objectif depuis votre emménagement en Suisse?
Oui car j’ai besoin de flexibilité pour mon documentaire au Kirghizistan, je ne peux pas avoir un travail de salarié à côté. Mon projet de film et mon mandat auprès de l’UNICEF me donnent une bonne base financière pour les deux prochaines années, ce qui me permet désormais de me lancer véritablement comme vidéaste indépendant.
Vous avez aussi été brièvement inscrit au chômage en France, avant de trouver du travail à Lucerne. Avez-vous également été mis au bénéfice d’un programme d’emploi ou similaire?
C’était il y a plusieurs années, durant les quelques mois qui ont suivi mon séjour de trois ans au Kirghizistan. L’agence nationale française Pôle emploi –entre temps rebaptisée France Travail– m’avait envoyé un formulaire pour que devienne chauffeur de bus, et tant pis si ça n’était pas mon métier. J’avais l’impression d’être une patate chaude dont on ne savait pas trop que faire. Alors qu’en Suisse, on va dans le sens des demandeurs d’emploi, en leur donnant la chance d’acquérir de nouvelles compétences ou de l’expérience professionnelle. J’ai pour ma part eu la chance de suivre ces deux programmes d’emploi différents.
Ce qui était compliqué je pense dans mon cas, c’est que je n’avais pas travaillé en France dans l’audiovisuel: tout ce que j’avais fait c’était à l’étranger, et ça n’était pas valable à leurs yeux – ils ne savaient pas quoi faire de moi.
Films réalisés par Antonin Lechat, visionnables sur son site internet : lechatfilms.com.
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Anouck Luginbuhl
Julien Tschumper
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